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Une mémoire pour la vie
Extrait :
On dit « Je ne sais plus... », « Je ne me souviens pas... ». Et l'on s'aperçoit soudain que, évoquant la mémoire, on parle de l'oubli. La mémoire est une grande discrète. Quand elle fonctionne sans accroc, on ne pense pas à elle; c'est au moment où elle fait défaut que l'on comprend à quel point elle est essentielle. C'est l'oubli qui dans un premier temps a ciblé nos recherches, il y a vingt-cinq ans, alors que la mode pédagogique partageait les élèves en visuels et en auditifs. Très vite, au cours des bilans que nous réalisions, nous nous sommes rendu compte de l'importance des images mentales dans l'apprentissage et de ce que, contrairement à ce qui était bruyamment énoncé, il faut, pour bien se souvenir, manier les deux codages de la perception : se tenir un langage intérieur au sujet de ce qui est à mémoriser, détailler ce qui est donné à voir. Exit alors la question des visuels et des auditifs. Ont suivi des années de recherche avec des enfants en difficulté ou surdoués, mais aussi des adultes au cours de stages de mémoire. Et s'est renforcée l'idée qu'elle est affaire de procédures simples où l'attention a une part d'importance, ainsi que le projet qui installe dans le futur ce que l'on veut garder. Un deuxième fait, en apparence trivial, a alimenté mon questionnement au sujet du fonctionnement mental. Chaque fois que je visitais une exposition ou un musée en compagnie de Varinia Oberto, je devais l'attendre à la sortie. Avais-je un moindre intérêt pour l'art ? Apparemment non puisque je conservais – pendant quelque temps – le souvenir de ce que j'avais vu tandis qu'elle se plaignait de ne rien garder en tête, ou si peu, de ce qu'elle avait pourtant aimé contempler. Puisque ni le temps passé à regarder des toiles ni l'attention portée ne jouaient dans la mémorisation, qu'est-ce qui nous faisait différents ? Mon habitude devant un tableau est de détailler ce que je vois et de m'en constituer ainsi une trace visuelle, réelle bien qu'imparfaite, que je partagerai, même si j'ignore à qui j'en parlerai et à quel moment. Ce faisant, je mémorise. Varinia Oberto a un tout autre comportement : elle reste dans la sensation, les émotions, elle ne se construit pas un souvenir visuel à retrouver dans son futur. Elle est dans un présent qui la comble. Mais, si elle ressent, elle ne construit pas un souvenir, ce qui se fait à partir du moment où on se représente plus ou moins consciemment un temps futur de rappel.
Format : PDF
Taille : 2 MB
Langue : français
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